Écrire à voix haute par Christiane Seydou
Une recension du livre Écrire à voix haute
Cahiers de littérature orale
2013
Dans les Cahiers de Littérature orale consacrée aux rythmes et sortis en 2013, l’ethnolinguiste Christiane Seydou consacrait une recension à Écrire à voix haute.
Voici le début de son texte :« En deux décennies, le slam a non seulement acquis droit de cité(s) mais aussi forcé les portes de l’université – suscitant colloques, journées d’étude, ateliers d’écriture, mémoires, thèses… – et redonné à la création poétique sa valeur totale. Le slam n’est plus vu sous son seul aspect de phénomène socioculturel hic et nunc, mais aussi, et surtout comme réappropriation de la réalité plurielle de l’expression poétique dans toutes ses dimensions d’art vivant et universel : travail ludique sur la langue et toutes ses potentialités tant sémantiques qu’acoustiques, lieu de communication participative avec le public, pouvoir de la parole qui, inscrite dans un contexte scénique d’échange potentiel, fait de l’écoute de l’auditoire comme un engagement dans cette performance langagière particulière.
Et voilà enfin, avec son retour à l’oralité première, la poésie rendue à son authentique vocation, conjuguant en un jeu subtil création verbale et expression vocale pour que, à travers les tours et détours de la pensée et des mots, les contours des sens et des sons se tisse entre la parole dont nous fait don le poète et sa réception par son public, un moment privilégié de partage. Oubliées les lectures solitaires, muettes et si mutilantes des recueils de poésie – même lorsque Apollinaire et ses Calligrammes, Mallarmé et son Coup de dés tentaient de recourir au rythme visuel pour pallier le silence de leurs phrases ! Oubliées aussi les récitations à voix neutre et sciemment désincarnée que tels poètes adoptaient pour dire leurs œuvres ! Nous pouvons enfin saluer, dans le slam, la redécouverte des vertus de la poésie orale qui, fidèle à sa véritable destinée, retrouve en même temps que sa dimension totale, un nouvel écho dans un public pluriel.
Voilà ce dont témoigne éloquemment l’ouvrage « écrit à voix haute » et… à deux mains par le slameur Souleymane Diamanka et le linguiste Julien Barret. »
Par Christiane Seydou