Un poème en alexandrins sur la ville : « Le Cabaret »
février 2023
A l’occasion d’un projet baptisé Flow, L’atelier oratoire, j’explore la ville en poèmes et en chansons. J’ai ainsi consacré un long texte en alexandrins rimés à la question des limites, frontières et barrières d’octroi, en adoptant tantôt le point de vue d’un cabaret, tantôt celui d’un garde barrière… Le voici !
Le Cabaret des faubourgs de barrière
Je suis une guinguette de l’autre côté du mur
Là où l’on fait la fête aux portes d’une ville
Et ma ville c’est Paris c’est Pantin c’est Issy
Et c’est là Bagnolet le Pré Montreuil Ivry
Je ne suis qu’un faubourg traversé par l’A3
Ou enclavé de près par d’autres autoroutes
Et crois-moi bien mon gars ici ça respire pas
La misère se répand lorsque la pluie s’abat
Je suis un garde-barrière je m’octroie tous les droits
De douane sur les âmes et la faune sauvage
Paon pâmé de moisson chevaux de traits en cage
Roulotte abandonnée sur un vieux terre-plein sale
Je détiens le savoir des tours et des barres
A la clôture toujours surveillant le canal
Et les cités construites à la lisière des phares
Je suis le lit du fleuve et aussi son fanal
Je suis le cabaret des faubourgs de barrière
Où l’on danse gaiement aviné au moins cher
Piquette de guinguette de derrière l’octroi
La terre n’est pas fertile mais c’est là que l’on croît