D’Aya Nakamura à PNL
Comment les artistes musicaux·les transforment la langue française
Magazine Antidote
février 2021
Le 15 février 2021, paraissait un article de Lina Rhrissi dans le magazine Antidote où mon livre Les nouveaux mots du dico et l’atelier du nouveau lexique de l’Essonne étaient évoqués.
Voici le début de cet article :
« « Pookie », « Igo », « moula »… La popularité inédite du rap francophone donne lieu à un renouvellement linguistique abondant.
« Elle est en train de porter au niveau international de nouvelles expressions et évolutions de la langue. Et ça, c’est extrêmement fort. Il y a, à la fois, la capacité de la langue à se réinventer sans arrêt, et, en même temps, à continuer à porter ses accents et sa diversité. » Entendus en décembre dernier au Parlement, ces mots sont ceux du député LREM Rémy Rebeyrotte et évoquent l’influence d’Aya Nakamura. Alors que certain·e·s accusent l’interprète de « Djadja » et de « Pookie » de détruire la langue française, l’élu de la majorité a quant à lui pris le parti de faire l’éloge de la chanteuse d’origine malienne, qui a grandi à Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis.
Artiste francophone la plus écoutée dans le monde, Aya Nakamura illustre parfaitement la façon dont les rappeur·se·s et les artistes de R’n’B s’approprient et transforment la langue de Molière. « Ironie du sort, j’ai calmé le boug / Il en a vu des gos mais j’ai gagné la coupe », chante Aya dans « Pompom », extrait de l’album Nakamura, sorti en 2018. « Boug » pour désigner un garçon, « go » pour parler d’une fille : ce lexique tout droit venu de la jeunesse des quartiers populaires, en banlieue parisienne et en périphérie des grandes villes de France et de Belgique, gagne la nouvelle génération indistinctement de son milieu social à mesure que les chansons d’Aya Nakamura deviennent des tubes planétaires. « Il y a des pôles urbains qui diffusent leur parler un peu partout, notamment grâce à la musique », explique la linguiste Aurore Vincenti, autrice de Les mots du bitume (Le Robert, 2017). »
Par Lina Rhrissi